Alcoolisme : la pilule miracle – Sud Ouest

Yann Saint-Sernin 3 mars 2014

SANTÉ  D’ici à quelques semaines, un décontractant musculaire, le Baclofène, sera autorisé pour le traitement de l’alcoolisme. Une décision souhaitée par les patients.

L’Agence nationale pour la sécurité du médicament (ANSM) vient de le confirmer : dans quelques semaines au plus tard, le Baclofène sera autorisé pour le traitement de l’alcoolisme. Une décision dont beaucoup déplorent le caractère tardif, et qui doit beaucoup à l’activisme des malades. Car, à bien
des égards, l’étonnante épopée de cette molécule aux effets annoncés
comme spectaculaires prend le contre-pied des parcours traditionnels
des médicaments. « C’est un Mediator à l’envers. C’est l’histoire d’une
inertie. Mais qui révèle, encore une fois, le poids démesuré de l’industrie
sur notre système de santé », lance le Pr Bernard Granger (1), chef du service psychiatrie de l’hôpital Tarnier, à Paris, et parmi les premiers prescripteurs de ce médicament.

L’expérience d’un cardiologue « Il s’agit à la base d’un décontractant
musculaire utilisé pour les pathologies de type sclérose en plaques depuis
près de quarante ans », explique le Pr Jean-Michel Delile (1), psychiatre
et directeur du CEID (Comité d’étude et d’information sur la drogue de Bordeaux. Mais ce médicament doit sa nouvelle vie à l’expérience du cardiologue Olivier Ameisen qui, désespérant de réussir à soigner son alcoolisme, décide dans les années 2000 de tester sur lui même un protocole jusque-là expérimenté uniquement sur des rats.

Les résultats sont stupéfiants. En quelques mois, en augmentant progressivement les doses de Baclofène bien au-delà de la posologie préconisée lorsqu’il est utilisé comme décontractant, le médecin devient totalement indifférent à l’alcool. Non seulement l’envie de boire disparaît,
mais boire un simple verre ne provoque chez lui aucune rechute.

Alcoolisme : la pilule miracle