« Aujourd’hui, je peux boire un whisky sans avoir envie de finir la bouteille »

L’Alsace du 24/10/2012 – Dossier réalisé par Sylvie Montaron

Un vaste débat fait rage autour d’un médicament présenté comme un remède contre la dépendance à l’alcool, le baclofène.

Après les « premières bringues » à 17 ans, le service militaire où la bière coule à flots et « où il n’y a que ça à faire », sont venus les postes à responsabilité, la création de son entreprise, la surcharge de travail… Peu à peu, le soir, le whisky a remplacé la bière.

« Je cherchais l’ivresse par rapport à une certaine timidité. On ne peut pas dire quand on bascule… Je savais que j’avais un problème, mais je me considérais comme un fêtard », se souvient Yves Brasey, 58 ans, entre café et cigarettes, dans le séjour de sa maison familiale près de Saint-Bonnet-le-Château. « En fait, j’étais un bon alcoolique qui vivait dans le déni… Mais tous les traitements parlaient de s’arrêter à vie et, pour moi, il n’en était pas question », reconnaît cet informaticien, en évoquant ces copains « passés de cure en cure », ceux qui sont morts et « le seul qui a réussi à devenir abstinent », mais dont il n’a plus de nouvelles.

« Par devoir envers mes concitoyens »

Sur un buffet de la cuisine, se dressent une demi-douzaine de bouteilles d’apéritifs et de vin, bien pleines. « Avant, ça n’était pas possible ça », sourit-il. Avant qu’il n’entende parler, à la radio, d’un médicament « qui permettait d’avoir une consommation raisonnable » : « C’était en février 2010, juste avant le tunnel du Fréjus : j’allais au carnaval de Venise… » Yves Brasey se plonge dans des articles et le livre du Dr Olivier Ameisen, « Le dernier verre », où ce cardiologue raconte comment il s’est « guéri » de l’alcool en s’administrant du baclofène à haute dose.

Faute de trouver un médecin maîtrisant cette utilisation, Yves Brasey s’appuie sur le livre : « En 18 jours, je suis monté à 140 mg et du jour au lendemain, j’ai compris ce qui s’appelait « l’indifférence ». Le 21 mars 2010, mon problème avec l’alcool était réglé. Maintenant, je peux boire un whisky sans avoir envie de finir la bouteille. Le plus souvent, je ne bois rien à midi, et le soir, jamais plus d’un verre de vin ; quelquefois, un apéritif ou deux quand il y a un ami », explique ce militant devenu vice-président de l’association Baclofène (1) par « devoir envers (ses) concitoyens malades ».

Sur le forum – 3000 visites quotidiennes, 3500 inscrits – il encourage, recense les guérisons (150 « déclarées » depuis janvier), donne en message privé les noms des médecins qui prescrivent du baclofène à haute dose. Notamment aux patients du Rhône, où c’est « particulièrement le désert », comme Michel et Rose (2) en ont fait l’expérience.

« Mon médecin m’a sermonné : le baclofène, ça ne sert à rien, au lieu d’en prendre, vous devriez compter sur votre volonté », raconte Michel qui se décrit comme un « buveur occasionnel mais qui ne sait pas s’arrêter ». Et à qui l’alcool a coûté cher : pertes d’argent au jeu, retrait de permis, prison…

Santé « Aujourd’hui, je peux boire un whisky sans avoir envie de finir la bouteille »

Association Baclofene