Autorisation de la prescription de baclofène contre l’alcoolisme

A l’origine conçu comme un décontractant musculaire, le baclofène s’est révélé être un précieux allié dans la lutte contre l’alcoolisme. Ce vendredi, il a été temporairement autorisé dans le cadre d’un sevrage alcoolique par l’Agence nationale de sécurité du médicament.

D. N. avec Cécile Danré – Le 14/03/2014 à 11:03

Le baclofène, décontractant musculaire, est détourné depuis des années de son usage thérapeutique initial pour servir dans la lutte contre l’alcoolisme. Vendredi, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a entériné cette pratique en autorisant officiellement sa prescription en tant qu’outil du sevrage alcoolique.

L’effet principal de ce médicament connu depuis 40 ans est très bénéfique pour les personnes souffrant d’alcoolisme en ce qu’il freine ou stoppe l’envie de boire. Les patients ainsi traités deviennent indifférents à l’alcool. Un cardiologue franco-américain, lui même alcoolique, s’était prescrit à lui-même à fortes doses le médicament et avait fait en 2008, la découverte de l’effet jusqu’alors insoupçonné du baclofène. Il en avait tiré un ouvrage: Le dernier verre ed. Denoël. Dès 2011, le médicament était largement prescrit par les addictologues.

Une autorisation en forme de test pour trois ans

L’autorisation attribuée au baclofène est historique, car il s’agit d’une RTU ou recommandation temporaire d’utilisation, première du genre à être délivrée par l’ANSM. Ce dispositif très encadré qui précède la traditionnelle autorisation de mise sur le marché permet, pendant trois ans, de prescrire ce médicament dans des posologies et auprès d’une population précises. Ces personnes qui devront être déclarées vont faire l’objet pendant ces trois années d’un suivi médicale approfondi pour surveiller notamment d’eventuels effets secondaires indésirables de ce médicament.

Historique aussi, car la France est ainsi le premier pays à autoriser, sans attendre l’assentiment européen, la prescription du baclofène pour la lutte contre l’alcoolisme. L’enjeu est colossal puisqu’en France, trois millions de personnes sont concernées par cette addiction qui fait 130 morts par jour.