Paris Normandie – SANDRINE GROSJEAN
Le baclofène est-il le médicament miracle contre l’alcoolisme ? Les malades le réclament, les spécialistes sont plutôt sceptiques.
C’est arrivé sans prévenir, « du jour au lendemain ». Après un mois de traitement au baclofène, Valérie, une commerçante d’Evreux, s’est libérée de sa dépendance à l’alcool. « Je me suis servie un verre de rosé, par habitude, et je ne l’ai pas bu. Je n’avais pas envie de le boire. » C’était le 24 décembre 2011 ; la veille, cette mère de famille de 44 ans s’était encore enivrée au rosé. Depuis, elle n’a « plus jamais été saoule », elle qui pourtant descendait jusqu’à deux bouteilles de vin par jour, et ce depuis la naissance de son troisième enfant, sept ans auparavant.
« On se retrouve seul, personne ne comprend, les médecins n’ont pas de réponse. Les traitements passent par l’abstinence : c’est une torture, on est esclave de l’alcool. » Ses tentatives de sevrage resteront vaines. Aujourd’hui, toujourssous baclofène, Valérie parle d’une « libération ». Elle boit un verre de temps en temps, « comme tout le monde », et ça lui va bien.
Comme elle, entre 20 000 et 30.0000 personnes en France sont traitées par le baclofène pour un problème d’alcool, hors autorisation de mise sur le marché (AMM). Deux essais cliniques sont en cours en France en vue d’évaluer l’efficacité et la tolérance de ce vieux médicament, normalement prescrit comme décontractant musculaire.
Si plusieurs études menées depuis le début des années 2000 ont tenté de démontrer son efficacité dans le traitement de la dépendance à l’alcool, c’est un livre qui a fait exploser sa popularité. Dans Le dernier verre, publié en 2008, Olivier
Ameisen, cardiologue et lui-même alcoolique, fait le récit d’une auto-expérimentation de l’efficacité du baclofène à forte dose (270 mg/j).
Dès lors les patients veulent essayer, eux aussi, de décrocher sans souffrir.