Le baclofène en pratique : quel suivi, quels remboursements ? ITW du Dr Renaud de Beaurepaire

Par Jean-Philippe RIVIERE – 13 Mai 2014

VIDAL : Après prescription de baclofène, quel suivi mettez-vous en place ? 
Dr Renaud de Beaurepaire : En début de traitement, je revois les patients après 3 semaines ou 1 mois. Il faut d’abord savoir qu’au début du traitement, les doses sont très faibles puisque l’on augmente très progressivement les doses. Au rythme auquel je prescris du baclofène, au bout d’un mois, ils sont à 9 ou 10 comprimés par jour, c’est quand même une dose qui reste relativement faible. S’il y a des événements indésirables avant la fin du premier mois, les patients ont mon numéro de téléphone, ils m’appellent et cela se passe très facilement, c’est très courant. Ils ont la consigne d’arrêter l’augmentation des doses s’il y a des effets indésirables qui sont gênants, de rester à un palier inférieur : ils comprennent cela très bien et ils le font.

VIDAL : Et après le premier mois ? 
Dr Renaud de Beaurepaire : Après le premier mois, on implique beaucoup plus le patient dans le traitement : ce que je fais, j’augmente d’un comprimé de plus tous les 3 jours. Ils ont expérimenté pendant le premier mois cette augmentation, ils savent donc la gérer. Après un mois, on cible davantage les horaires de prise du baclofène en fonction des prises d’alcool. Le premier mois, c’est plutôt un mois de tolérance, pour savoir s’ils tolèrent le traitement, après on cible plus sur les horaires.

VIDAL : Comment faites-vous pour cibler tel ou tel horaire de prise d’alcool ? 
Dr Renaud de Beaurepaire : Il faut savoir que le baclofène a une durée de vie de 4 heures à peu près, donc prendre du Baclofène à 8h le matin alors que l’on boit à partir de 18h, ce qui arrive très souvent, c’est inutile. Ce qui n’empêche pas que cela soit une bonne chose de garder une couverture baclofène toute la journée, c’est-à-dire de prendre, matin, midi et soir, mais les doses du matin et du midi, ne doivent être là que pour habituer le cerveau à la présence du baclofène. On va forcer la dose vers 17h, 18h, généralement quand les patients sortent de leur travail (c’est un exemple).
En fait, on apprend au patient à utiliser le baclofène en fonction des moments où il a envie de boire, des stress de l’existence. Beaucoup de patients savent qu’ils ont envie de boire quand survient un événement stressant et là on leur dit, prenez-en 2 ou 3 de plus à ce moment-là. Il y a toutes sortes de recettes que l’on développe avec les patients et eux, les patients, se prennent en charge, petit à petit et c’est là où certaines recommandations de l’ANSM, de la RSU sont absurdes… : on va les voir, les patients se prennent en charge, ils conduisent le traitement en fonction de leur envie de boire.

VIDAL : Quel va être, pour les patients, l’impact financier de la RTU baclofène ?
Dr Renaud de Beaurepaire : C’est une question très importante et je n’ai pas de réponse. Mon idée était, lorsque la RTU est parue, que nécessairement, les patients inclus dans cette RTU seraient remboursés. Ce n’est pas toujours le cas quand on prescrit hors AMM, même si c’est souvent le cas, cela dépend un peu des caisses. Pour moi, cela allait de soi, étant donné qu’il y avait une autorisation, mais il paraît que ce n’est pas le cas. Il paraîtrait cependant qu’il y ait des discussions en cours et que les patients vont bientôt être, de façon uniforme, remboursés s’ils sont dans le cadre de la RTU, mais j’avance quelque chose, je ne sais pas.

VIDAL : Et pour les patients qui sont déjà en ALD (Affections de Longue Durée) ? 
Dr Renaud de Beaurepaire : S’ils sont en ALD à mon avis ils seront remboursés. Si on a l’ALD pour l’alcoolisme, a priori, ils devraient être remboursés, mais je ne sais pas. Il faut dire que je ne me suis jamais beaucoup préoccupé de cela, que c’est très rare que les patients ne soient pas remboursés, que je n’ai jamais mis sur mes ordonnances de baclofène « hors AMM« , et que c’est toujours passé. Certes, j’ai eu quelques coups de téléphone ou lettres de médecins de l’assurance maladie mécontents, mais je les ai un peu méprisés et je ne l’ai jamais regretté, cela s’est cantonné à quelques cas mais dans l’immense majorité des cas, je n’ai eu aucun problème et les patients ont été remboursés sans même le demander.

Propos recueillis le 27 mars à l’Hôpital Paul Guiraud (Villejuif).

Voir aussi sur Vidal.fr : 
– « Baclofène : la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) a été accordée. Modalités pratiques » (14 mars 2014)
– « Baclofène : analyses et recommandations du Comité technique de Pharmacovigilance de l’ANSM » (29 août 2013)
– « Baclofène et sevrage alcoolique : les essais cliniques se poursuivent » (29 mars 2013)

Sources : VIDAL
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