Le baclofène : un relaxant musculaire efficace contre la dépendance à l’alcool? – juillet 2011

Pour la Science – n° 405

D’un côté, les « résolument pour ». De l’autre, les « foncièrement sceptiques ».
Pour dépasser les luttes d’opinions, des études scientifiques validées sont indispensables.
Jean-Pol TASSIN

L’alcool est source de convivialité, mais l’alcool est aussi un fléau social: bien avant la vitesse, c’est le premier  responsable des accidents mortels sur la route. C’est un facteur important de morbidité et de mortalité dans les cancers, les maladies chroniques du foie telle la cirrhose, ou les troubles psychiques.
Un Français sur dix aurait un problème avec l’alcool et environ deux millions seraient alcoolo-dépendants. Sur les quelque 850 000 décès dénombrés en France chaque année, 45 000 seraient dus à l’alcool.
Comme pour la plupart des addictions, les traitements médicamenteux sont encore notoirement insuffisants et plusieurs équipes, tant cliniques que fondamentales, recherchent les molécules qui pourraient enfin soulager les patients de leur incapacité à diminuer ou à arrêter leur consommation.
En 2008, le cardiologue français Olivier Ameisen a publié Le dernier verre, un ouvrage où il raconte comment, pour se libérer d’une dépendance à l’alcool longue de plusieurs années et après plusieurs cures de désintoxication qui avaient échoué, il prend du baclofène. Cette molécule, mise sur le marché en 1974, administrée pour soulager les contractures musculaires d’origine neurologique, tel le torticolis, n’avait a priori rien à voir avec le sevrage alcoolique. Le dosage
conseillé par le laboratoire est de l’ordre de 30 milligrammes par jour et O. Ameisen multiplie la dose par neuf ! Et son envie d’alcool disparaît ! Le livre connaît un vif succès et, très vite, les personnes traitées pour dépendance à l’alcool demandent à leur médecin de leur prescrire cette molécule.
Là commencent les difficultés et la polémique, car le baclofène n’a pas été mis sur le marché dans le cadre du sevrage alcoolique, et les doses efficaces semblent être très élevées et donc susceptibles d’entraîner des effets secondaires notables. De surcroît, les rares expériences cliniques réalisées, concernant chacune au plus une quarantaine de sujets, avaient donné des résultats variables. Dès lors, les médecins hésitent à prescrire cette substance présentée par d’aucuns comme miraculeuse.

Le baclofène : un relaxant musculaire efficace contre la dépendance à l’alcool?