Alcoolisme et baclofène : l’Ansm reconnaît, enfin, qu’il y a un problème majeur de prescription

13 octobre 2015 jeanyvesnau

Bonjour

Alcools ou pas, les chiffres sont parfois cruels. Officiellement l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) indique que 6 200 personnes malades de l’alcool sont aujourd’hui inscrites sur le portail dédié à la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du baclofène – RTU mise en place en mars 2014. Or c’est moins de dix fois le nombre de celles qui consomment quotidiennement ce médicament pour maîtriser et vaincre la dépendance alcoolique dont elles sont devenues les victimes. En d’autres termes c’est un échec.

Résistances multiples

« L’Ansm a fini par le reconnaître : les patients et les médecins n’ont pas du tout adhéré au dispositif mis en place pour encadrer la RTU du baclofène dans le traitement de l’alcoolodépendance, indique aujourd’hui Le Quotidien du Médecin (Damien Coulomb). Un comité scientifique temporaire se réunira à partir de novembre, afin de simplifier et d’améliorer les conditions d’inscription à cette RTU fortement critiquée depuis son lancement, il y a plus d’un an. »

C’est là une nouvelle démonstration des innombrables difficultés rencontrées depuis des années en France pour parvenir à évaluer de la manière la plus objective possible un vieux médicament dans une nouvelle indication. C’est, vu de l’extérieur, une histoire assez invraisemblable qui devra être un jour écrite dans ses différentes composantes (1) – une histoire qui, à sa façon, témoigne elle aussi de la persistance des résistances  multiples à la prise en compte rationnelle et officielle de la réalité alcoolique et, plus généralement, de la réalité des maladies  de l’addiction.

Base soignante entendue

Comment comprendre que l’institution nationale en charge de la sécurité des médicaments (et donc de la santé publique) ait pu, après des bien des atermoiements, élaborer une recommandation temporaire d’utilisation à ce point déconnectée de l’utilisation de ce médicament. Cette RTU avait, d’emblée, été solidement critiquée par les premiers prescripteurs. Le réquisitoire avait été prononcé en août dernier. Aujourd’hui l’Ansm fait ce que l’on pourrait considérer comme un début de mea culpa : la création, à partir de novembre, d’un comité scientifique temporaire. Une structure, précise Le Quotidien du Médecin, comprenant notamment des médecins généralistes et des addictologues. C’est là une idée bien tardive qui n’est pas totalement dénuée de bon sens. Il s’agira « de définir les axes d’amélioration de ce dispositif jugé trop lourd et contraignant par les médecins du premier recours ». Ainsi donc la base soignante aurait in fine été entendue en haut lieu.

« Même les médecins généralistes les plus militants se sont lassésa expliqué au quotidien le responsable du groupe MG addiction au sein de la Fédération addiction. Une enquête menée par la société française d’alcoologie avait montré qu’il y avait une énorme déperdition après l’inscription des informations relatives au premier entretien. Non seulement le nombre de patients enregistré est faible, mais leurs données ne sont pas exploitables, faute de suivi ».

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