Un relaxant musculaire efficace contre l’alcoolisme ?

LE MONDE | 11.11.2008 à 16h10 • Mis à jour le 01.07.2009 à 13h38 | Par Sandrine Blanchard

L’expérience vécue par le docteur Olivier Ameisen divise la communauté médicale.

Publié début octobre, l’ouvrage du docteur Olivier Ameisen, Le Dernier Verre, bouscule le monde de la prise en charge de l’alcoolisme. « Nous sommes dans le pétrin à cause de ce livre », reconnaît le docteur Philippe Michaud, alcoologue. « Nous sommes assaillis de coups de fil et de courriers de patients réclamant le même traitement. » En 288 pages, le docteur Ameisen raconte comment il a guéri de son alcoolo-dépendance grâce à un relaxant musculaire, le baclofène, un vieux médicament « génériqué » depuis 1997, indiqué dans le traitement des contractures douloureuses accompagnant la sclérose en plaques et certaines paralysies.

Parce qu’il est écrit par un médecin, parce qu’il aborde une maladie qui dévaste la vie de millions de personnes et pour laquelle les traitements actuels essuient de nombreux échecs, ce livre, largement médiatisé ces dernières semaines, suscite beaucoup d’espoir parmi les alcooliques et leur entourage. Problème : le baclofène n’a pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’indication du sevrage alcoolique. Le sujet divise la communauté médicale. Certains médecins se sont mis à en prescrire, d’autres s’y refusent. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) s’est autosaisie du dossier.

Son histoire. Olivier Ameisen dit être « guéri » depuis le 14 février 2004, date à laquelle il a débuté son traitement de baclofène. « Je n’ai plus aucune envie d’alcool », résume-t-il. Il s’est administré jusqu’à 180 mg par jour (des doses très supérieures aux posologies habituelles de ce médicament) et prend aujourd’hui entre 30 mg et 50 mg par jour. Cardiologue réputé, le docteur Ameisen prenait des cuites à répétition. Il noyait dans l’alcool sa très forte anxiété. Psychothérapie, acupuncture, hypnose, thérapie cognitive et comportementale, traitements médicamenteux censés réduire l’envie de boire, cures de désintoxication, réunions chez les Alcooliques anonymes, il a tout essayé. En vain.

La suite : Un relaxant musculaire efficace contre l’alcoolisme ?