Merci Olivier…

Difficile d’évoquer la mort d’un homme quand celui ci vous a sauvé la vie.

3 juin 2013Difficile de faire la part de la raison, parce qu’il était le médecin qui vous a guéri, et celle de l’émotion, parce qu’il était aussi un ami. Un ami impatient. Jamais complaisant. Toujours passionné. Un indigné dans la bagarre.

On savait tout de ses coups de gueule, et parfois de ses emportements.

On savait tout aussi de ses coups de cœur, de sa réelle empathie, et de sa générosité.

Les 150.000 malades guéris sous traitement grâce au Baclofène ont une dette infinie à son égard. Le prix de leur propre vie. Mais Olivier Ameisen n’en demandait pas tant. Il voulait juste que l’on s’informe entre nous, et que l’on témoigne. A défaut de la reconnaissance de ses pairs, il savait que les malades et les médecins prescripteurs composaient le seul et unique levier pour imposer au regard de tous, la révolution qui s’annonçait.

Il croyait en l’homme. En la valeur de la preuve et de l’expérience dans la vraie vie. Il croyait en nous. En notre rôle dans sa bataille. Il nous en a convaincu. Elle est devenue la nôtre.

Il a encore été très récemment raillé, moqué, calomnié, discrédité… accusé avec un mépris et une incroyable condescendance de vouloir attirer la lumière des projecteurs, tutoyer la gloire, vendre des livres et toucher de l’argent. L’infâme portrait d’un mythomane, et d’un manipulateur. 

Pourtant lorsqu‘en 2004, il constate sur lui même l’efficacité du Baclofène pour guérir de son alcoolisme, il aurait pu en rester là et se contenter de sauver sa peau. Vendre très chère sa consultation à quelques clients privilégiés, triés sur le volet. Il n’en fût rien.

Il n’a jamais joué le jeu des académies, des cercles d’initiés, des collèges d’experts et des petits arrangements entre amis. Il n’a jamais cherché ni gloire, ni fortune, mais la juste reconnaissance qu’il estimait due à sa découverte, due aux malades dont si peu de médecins croyaient en la guérison, en la parole et en l’évidence.

L’évidence : Il a vu grandir au fil des années le nombre de malades guéris. Il en était fier et profondément touché. Il trouvait auprès de nous la preuve vivante de la sincérité et de l’importance de sa démarche.

La presse parlait de lui comme « l’apôtre », « le croisé », « le père » du traitement sous Baclofène.

Si aujourd’hui nous sommes un peu orphelins, Olivier n’était ni un guide, ni le gourou d’une secte. Il était juste un médecin, un vrai médecin. Nous n’étions pas ses disciples mais des malades. Juste des malades. Guéris.

A l’un d’entre nous qui commençait son traitement et s’inquiétait auprès de lui de son futur par ces mots « A quoi ressemblera ma vie, demain, sans alcool ? ». Il répondait « Tout simplement à toi. A ta vie ».

A Noëlle sa compagne, à sa famille, ses proches, nous adressons nos plus sincères marques d’affection. Et l’assurance qu’en sa mémoire et en son nom, son combat, notre combat continue.