Si le baclofène est si prometteur, pourquoi tout le monde ne l’utilise-t-il pas ?

Un article du Dr Amanda Stafford, urgentiste en Australie, que nous avons traduit en français.

L’article original est là : http://baclofentreatment.com/questions-controversies/if-baclofen-is-so-great-why-isnt-everyone-using-it-already/

Cela devrait être assez simple.

L’alcoolisme représente un énorme problème sanitaire et social dans de nombreux pays du monde.

On estime à 270 000 le nombre de personnes alcoolo-dépendantes en Australie. Chaque jour dans ce pays, 15 personnes décèdent et 430 sont hospitalisées à cause d’une maladie liée à l’alcool. Certains alcooliques vont mieux grâce à des interventions simples. D’autres essaient les traitements disponibles mais échouent. Pour la plupart, l’alcoolisme est au mieux une maladie chronique récurrente, au pire, une voie rapide vers une détérioration de leur santé et la désintégration sociale.

Si vous avez lu la section « En quoi le baclofène diffère des autres traitements de la dépendance à l’alcool », vous savez déjà que les traitements actuels contre l’alcoolisme sont assez peu efficaces et qu’il n’y a pas eu de nouveaux progrès dans le traitement de l’alcoolisme depuis des décennies. .

Et si un nouveau traitement émergeait ?  Si des études le montraient beaucoup plus efficace que les traitements actuels et que de nombreux patients témoignaient de son efficacité là où tout le reste avait échoué. Si en prime, ce n’était pas un nouveau médicament, mais un vieux médicament bon marché utilisé depuis des décennies, dont nous connaissions les effets  à court et à long terme. Un vieux médicament proposé pour un nouvel usage, l’alcoolisme, une maladie aux conséquences dévastatrices sur la santé et ne disposant que de traitements largement inefficaces. Cela placerait la balance bénéfice/risque largement en sa faveur. Cela ne marcherait sans doute pas chez tout le monde, mais il semblerait que ce traitement puisse aider au moins 50% des personnes en échec vis-à-vis des autres traitements. Cela vaudrait au moins le coup d’essayer.

Alors pourquoi tout le monde ne le prescrit-il pas aux patients alcoolo-dépendants ?

Quand j’ai cherché des informations sur le baclofène pour le traitement de la dépendance à l’alcool, je me suis demandé quel était le problème. En étudiant davantage l’expérience française et en discutant de ce médicament avec des collègues médecins qui traitaient divers aspects de l’alcoolisme à Perth, j’ai commencé à comprendre pourquoi tant de difficultés.

Le baclofène bouleverse les idées fondamentales sur le traitement de l’alcoolisme.

Il provoque l’émergence de concepts nouveaux et révolutionnaires :

  1. Il est possible que l’alcoolisme ne soit pas une maladie vraiment difficile à traiter, mais plutôt que nous n’avons pas assez de traitements pour cela.
  2. Il est possible que l’alcoolisme ne soit pas toujours une maladie chronique de mauvais pronostic avec des rechutes récurrentes. Il est possible que si nous traitions l’alcoolo-dépendance plus tôt avec des traitements plus efficaces, cela changerait la donne.

C’est la source du problème. Ce sont de nouveaux paradigmes, et dans une profession fondamentalement conservatrice comme la médecine, les idées novatrices mettent souvent beaucoup de temps de la découverte à l’adoption, environ 10 à 15 ans en moyenne. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Le premier principe de la médecine est « d’abord ne pas nuire ». Mais cela peut également créer de longs retards pour de nouveaux traitements importants pourtant disponibles.
Quand je me suis plongée dans l’histoire du baclofène en France, il était évident qu’il y avait deux opinions radicalement différentes sur le baclofène dans le traitement de l’alcoolisme.

D’un côté, les partisans du baclofène estimaient que la lenteur dans l’acceptation du baclofène était criminelle en raison des dégâts sanitaires et sociaux causés par l’alcoolisme en France. Ils ont mis en avant les 130 décès par jour dus à l’alcoolisme, tandis que les autorités sanitaires françaises faisaient valoir que le baclofène n’était pas suffisamment sûr et qu’il n’y avait pas assez de preuves scientifiques pour justifier son utilisation.

Les baclo sceptiques déploraient la manière non conventionnelle par laquelle le traitement de l’alcoolisme par le  baclofène avait été connu. Un médecin alcoolique expérimentant sur lui-même puis publiant son expérience dans un livre destiné au grand public.

Ce qui était intéressant à propos des baclo sceptiques était qu’ils ne contestaient pas l’efficacité du baclofène – elle avait été montrée dans des essais cliniques, bien que peu nombreux. Leur argument n’était pas que le baclofène ne fonctionnait pas, mais qu’il était trop dangereux pour être utilisé dans le traitement de l’alcoolisme. Cela n’avait pas vraiment de sens pour moi. Le baclofène n’a jamais été considéré comme un médicament dangereux alors qu’il est utilisé depuis quarante ans pour soulager les spasmes musculaires. Rappelez-vous que le baclofène ne TRAITANT pas la cause du spasme musculaire, la lésion de la colonne vertébrale ou la sclérose en plaques, il s’agit simplement de soulager les symptômes et d’apporter du confort.

L’emploi du baclofène pour l’alcoolisme différait beaucoup: il s’agissait de traiter une maladie causant de graves problèmes de santé, responsable de morts prématurées et pour laquelle les traitements actuels échouaient chez la plupart des patients. L’argument des baclo sceptiques qui consistait à dire que le baclofène était trop dangereux pour soigner cette maladie me semblait donc absurde. En toute logique, nous devons accepter plus, et non moins, de risques pour le traitement de l’alcoolisme.

Les baclo sceptiques soulignaient également les effets secondaires du baclofène, en particulier aux doses élevées, nécessaires chez certains patients pour atteindre la suppression du craving. Le fait que le baclofène ait des effets secondaires n’a jamais été contesté par les partisans du baclofène – les effets secondaires peuvent être très désagréables, mais ils disparaissent généralement avec le temps et sont toujours réversibles à la réduction ou à l’arrêt du baclofène. Il me semblait cependant que l’alcoolisme avait des effets tellement dévastateurs sur la santé et sur la vie des patients, que l’accent devait être mis sur l’aide aux patients pour gérer les effets secondaires du baclofène, afin qu’ils puissent obtenir les effets thérapeutiques. Et puis au final, ce sont les patients qui décident de continuer ou de cesser le traitement face aux effets secondaires.

Un autre argument majeur des baclo sceptiques avait pour base leur conviction profonde que le seul but possible du traitement de la dépendance à l’alcool était l’abstinence totale et définitive. Ils ont été consternés par l’affirmation des prescripteurs de baclofène selon laquelle les patients alcooliques sous baclofène pourraient envisager des niveaux de consommation d’alcool faibles plutôt que l’abstinence s’ils le souhaitaient. Cela fût perçu comme totalement irresponsable et impossible à réaliser. Cette attitude n’a pas de sens pour moi. Si le traitement par baclofène avait bien la capacité de supprimer le craving, alors les patients pourraient potentiellement boire de l’alcool selon un schéma normal, c’est-à-dire de façon occasionnelle ou à des niveaux acceptables. Je ne comprenais pas comment la capacité du baclofène de permettre des niveaux de consommations raisonnables rendait son utilisation dangereuse.

Malgré mes recherches minutieuses sur les arguments des baclo sceptiques, je n’arrivais tout simplement pas à en trouver un crédible à mes yeux. Il était également très instructif de voir ce qui s’était passé pour  d’autres traitements révolutionnaires dans les premières années après leur découverte. Le baclofène n’est pas le seul traitement à avoir eu une naissance lente et difficile. Il y avait beaucoup à apprendre de l’expérience des lauréats du prix Nobel, les Dr Barry Marshall et Robin Warren, et de l’histoire de leur découverte du rôle de la bactérie H. Pylori dans les ulcères et le cancer de l’estomac. Ils travaillaient tous deux dans mon établissement, le « Royal Perth Hospital », lorsqu’ils ont fait leurs premières découvertes.

Il est bien connu qu’ils ont lutté durant des années pour faire accepter leur idée révolutionnaire: une bactérie présente dans l’estomac était la cause directe des ulcères de l’estomac. Cette idée remettait en question la croyance selon laquelle les ulcères de l’estomac étaient causés par un stress psychologique conduisant l’estomac à produire un excès d’acide qui ulcérait sa muqueuse.
Nous savons que cette idée a finalement été acceptée et a changé de façon radicale le traitement de cette affection courante. Mais cela a pris bien plus de 10 ans.

Cet extrait d’un article de Barry Marshall est une lecture instructive

Le journaliste : Comment avez-vous fait connaitre  votre découverte?

Barry Marshall: J’ai présenté ce travail lors de la réunion annuelle du « Royal Australasian College of Physicians » à Perth. C’était la première fois que je me heurtais à des personnes totalement sceptiques. Pour les gastroentérologues, le concept d’un microbe causant des ulcères revenait à affirmer que la terre était plate. Après cela, j’ai réalisé que mon article allait avoir du mal à être accepté. Vous vous dites « c’est la science; ça doit être accepté. » Mais ce n’est pas le cas. L’idée était trop étrange.

Ensuite, vous et Robin Warren avez écrit des lettres au Lancet.

La lettre de Robin décrivait les bactéries et le fait qu’elles étaient assez communes chez l’homme. Ma lettre a décrit l’histoire de ces bactéries au cours des 100 dernières années. Nous savions tous deux que nous étions au bord d’une découverte fantastique. Au bas de ma lettre, j’ai dit que les bactéries pouvaient être une cause possible des ulcères et du cancer de l’estomac.

Cette lettre a dû provoquer un tumulte.

Ce n’est pas le cas. En fait, nos lettres étaient si étranges qu’elles n’ont presque pas été publiées. À cette époque, je travaillais dans un hôpital de Fremantle, pratiquant des biopsies sur tous les patients qui franchissaient la porte de l’établissement. Comme je recevais tous ces patients et que je ne pouvais pas assurer le suivi de toutes les données, j’ai demandé à toutes les compagnies pharmaceutiques un financement de recherche pour un ordinateur. Elles ont toutes répondu que les temps étaient difficiles et qu’elles n’avaient pas d’argent pour la recherche. Elles gagnaient pourtant un milliard de dollars par an avec le médicament antiacide Zantac et un autre milliard avec le Tagamet. Traités par ces médicaments, la plupart des patients ne mouraient pas de leur ulcère et n’avaient pas besoin d’une intervention chirurgicale, mais cela coûtait 100 $ par mois et par patient, une sacrée somme à l’époque. En Amérique dans les années 1980, 2 à 4 % de la population avait des comprimés de Tagamet dans leur poche. Il n’y avait aucun intérêt à trouver un remède.

Vous avez publié une synthèse de ce travail dans The Medical Journal of Australia en 1985. La façon de voir les choses a-t-elle évolué à la suite de cela ?

Non, c’est resté une hypothèse durant encore 10 ans. Certains patients en avaient entendu parler, mais les gastroentérologues ne les traitaient toujours pas avec des antibiotiques. Au lieu de cela, ils se focalisaient sur les complications possibles des antibiotiques. En 1985, j’arrivais à guérir à peu près tout le monde, et les patients venaient me voir en secret – par exemple, des pilotes de ligne qui ne voulaient pas que quelqu’un sache qu’ils avaient un ulcère.

J’ai trouvé incroyable que les gastroentérologues refusent de donner des ANTIBIOTIQUES. Un traitement par antibiotiques n’est pas exactement révolutionnaire, j’ai donc douté de cela. Jusqu’à ce que je trouve cette discussion de 2004 sur l’histoire de Marshall et Warren. Voici le paragraphe pertinent avec le lien ci-dessous.

« Comme mentionné, il y avait des traitements très efficaces pour l’ulcère d’estomac depuis le début des années 1980. Le taux de guérison complète des ulcères duodénaux, prouvés par endoscopie, après plusieurs semaines de traitement avec de puissants inhibiteurs de production d’acide, est d’environ 95% (Straus 1996). Un soulagement symptomatique survient en quelques semaines (McFarland et al., 1990). De plus, un tel traitement est remarquablement sûr et exempt d’effets secondaires. Il n’en va pas de même avec le métronidazole, le premier antibiotique largement utilisé pour la bactérie H. Pylori. Ce traitement antibiotique, ainsi que d’autres proposés pour cette bactérie, ont des effets secondaires incontestés, dont certains imitent les symptômes de la maladie pour laquelle ils sont prescrits. Cela pouvait  constituer des obstacles importants pour les patients qui souhaitaient se sentir mieux. » : Les bactéries, les ulcères et l’ostracisme? H. Pylori et la fabrication d’un mythe

Il y a de nombreux parallèles entre le déroulement de l’histoire de H. pylori/antibiotique et celle du baclofène:

  • un traitement simple, efficace mais révolutionnaire est découvert par des individus qui ne sont pas les décideurs ou les faiseurs d’opinion dans ce domaine.
  • Ces personnes voient le potentiel d’aider de nombreux patients ayant un problème de santé courant et invalidant.
  • La cause du problème a été attribuée au patient – stress pour les ulcères et manque de volonté dans le cas de l’alcoolisme.
  • Le nouveau paradigme du traitement rencontre le scepticisme de la profession qui devrait logiquement l’adopter dans l’intérêt de ses patients.
  • La réponse est raillerie, hostilité ou désintérêt.
  • Le « nouveau » traitement n’est pas un nouveau médicament. Il est bien connu et jugé sûr pour avoir été utilisé pendant des décennies chez des patients pour d’autres indications.
  • Comme les spécialistes ne croient pas que le nouveau traitement fonctionne pour cette indication, ils n’effectuent ni ne facilitent la recherche pour le prouver.
  • Les spécialistes dissuadent activement les patients d’avoir recours au nouveau traitement en invoquant les complications possibles.
  • Le nouveau traitement n’a pas de potentiel de profit économique car il n’est plus breveté.
  • Il existe un conflit d’intérêt actif de la part de sociétés pharmaceutiques qui gagnent de l’argent avec les traitements homologués, même s’ils sont moins efficaces que le nouveau traitement.
  • les patients sont plus demandeurs pour essayer le traitement que les médecins ne le sont à le prescrire.

Le baclofène ne constitue pas un changement de traitement aussi radical que la découverte de la bactérie H. pylori par Marshall et Warren, mais en regardant leur histoire, on peut expliquer pourquoi l’adoption du baclofène comme traitement de l’alcoolisme a été aussi lente.

Quand Olivier Ameisen a publié un article sur son auto-traitement par le  baclofène en 2005 dans la revue Alcohol and Alcoholism, il était convaincu que le traitement par baclofène serait rapidement adopté et révolutionnerait le traitement de l’alcoolisme en quelques années. Comme cela ne s’est pas produit, il a écrit son livre  « Le dernier verr e »  en 2008 dans lequel il a non seulement décrit son expérience, mais aussi celle des essais cliniques déjà réalisés ainsi que des témoignages de patients ayant utilisé le baclofène avec profit. Le livre a suscité beaucoup d’intérêt parmi les alcooliques et leurs familles qui ont réclamé ce traitement. Le problème à l’époque était de trouver un médecin prêt à le prescrire. Le livre d’Ameisen ne citait qu’un seul prescripteur en France, le Dr Renaud de Beaurepaire, mais bientôt d’autres pionniers ont commencé à le prescrire. Ce nombre a augmenté de façon régulière, et il existe aujourd’hui un réseau d’environ 10 000 prescripteurs en France. Ce sont principalement des généralistes qui, après avoir écouté les arguments pour et contre ce traitement, étaient prêts à le prescrire hors AMM pour leurs patients et à juger les résultats par eux-mêmes. En France, le nombre de patients traités par le baclofène pour l’alcoolisme a connu une croissance exponentielle depuis 2008 avec des effectifs dépassant les 100 000 patients.

L’utilisation rapide du baclofène pour lutter contre l’alcoolisme est due au « pouvoir du peuple » – la pression incessante des patients pour se faire prescrire du baclofène dont ils ont connu l’existence par les médias, les blogs et les sites Web des associations de patients. C’est un phénomène nouveau, en phase avec notre époque. Une sorte de Trip Advisor pour traitements – les expériences de patients sont disponibles de façon massive pour tout le monde, relatant le meilleur comme le pire.

Comme pour l’histoire de la bactérie H. pylori, l’histoire du baclofène implique des conflits avec les intérêts des compagnies pharmaceutiques. Ce sont des entreprises dont le travail consiste à vendre leurs médicaments pour faire des profits. Leur objectif n’est pas d’aider les patients à obtenir le meilleur traitement, mais leur traitement.

Cela a deux effets sur les traitements innovants, en particulier ceux qui ne sont plus brevetés:

  1. Il existe une relation confuse entre les sociétés pharmaceutiques et les cliniciens influents ainsi que leurs organismes professionnels. Les sociétés pharmaceutiques donnent beaucoup d’argent pour faire de la recherche et faire progresser un domaine, mais seulement dans l’intérêt de leurs produits. Les cliniciens peuvent se retrouver dans une situation délicate parce qu’il y a souvent peu de sources d’argent non industrielles pour la recherche clinique. Lorsqu’un nouveau médicament n’est pas aussi efficace que d’autres solutions ou franchement dangereux, il existe un grave conflit entre les intérêts des patients et ceux de l’entreprise pharmaceutique. L’industrie pharmaceutique va faire de gros efforts pour montrer que son produit surpasse les autres. Ils utilisent des faiseurs d’opinion spécialisés pour donner de la crédibilité à leurs produits, ils suppriment les données défavorables avant et après la mise en vente du médicament, souvent avec la complicité de cliniciens qui ont de sérieux conflits d’intérêts et qui le taisent. De nombreux exemples de ces pratiques ont été révélés au cours des années, comme l’histoire du Vioxx.

http://www.nytimes.com/2004/11/14/business/despite-warnings-drug-giant-took-long-path-to-vioxx-recall.html?_r=1

  1. Lorsqu’un médicament ancien et non breveté devient le traitement le plus efficace pour un problème médical commun, cela crée un gros problème pour les sociétés pharmaceutiques, car elles risquent de perdre beaucoup d’argent. Mais ce problème risque d’être amplifié par une utilisation plus large du baclofène. Rappelez-vous que les traitements actuels n’améliorent que de 10% les résultats par rapport au placebo. La barre est donc très basse. Une petite amélioration, disons de 20% par rapport au placebo, serait une grande avancée dans une maladie aussi coûteuse que l’alcoolisme, par conséquent développer un médicament un peu plus efficace serait très lucratif. Mais le baclofène augmente considérablement le challenge, améliorant de 40 à 50% le résultat par rapport au placebo pour un prix très modeste. Surmonter cela va être difficile. Dans l’étude BACLAD, le taux d’abstinence à 3 mois est de 24% pour les patients traités par placebo contre 68% dans le groupe traité par baclofène. Trouver un nouveau médicament qui fonctionne mieux que le baclofène sera difficile. Il est probable que les nouveaux développements pour le traitement de l’alcoolisme vont consister à modifier le baclofène lui-même pour améliorer ses caractéristiques telles que sa demi-vie ou son profil d’effets secondaires, plutôt que de chercher de nouvelles molécules, au moins dans un avenir proche.

Tout travail qui cherchera à développer des variantes de baclofène plus efficaces ou pratiques ou de nouveaux médicaments doit être fortement encouragé, car la médecine de l’addiction a absolument besoin de traitements plus efficaces.

Ma réponse à la question « Si le baclofène est si prometteur, pourquoi tout le monde ne l’utilise-t-il pas ? » est donc que ce sont les différents intérêts qui entourent le baclofène qui posent problème, et non le baclofène en lui-même.

En conclusion, ce qui m’a convaincu d’utiliser le baclofène et de promouvoir son utilisation pour la dépendance à l’alcool est cette combinaison de facteurs :

  • L’alcoolisme a des conséquences sanitaires et sociales dévastatrices.
  • De nombreux patients essaient et échouent avec tous les traitements actuels.
  • Les traitements actuels ne sont pas vraiment efficaces.
  • Le baclofène est un vieux médicament considéré comme sûr depuis plus de 40 ans.
  • Le baclofène fonctionne mieux que les traitements actuels.
  • Les baclo sceptiques n’ont aucun argument convaincant contre son utilisation.