Addictions, alcoolisme et baclofène : dernières actualités françaises

Rev Med Suisse 2014;10: – Jean-Yves Nau

Quand ces lignes seront lues, le baclofène sera, en France, remboursé par la collectivité nationale dans le traitement de la dépendance aux boissons alcooliques. Plus précisément il sera officiellement remboursé. Ce sera la fin d’une forme d’hypocrisie, doublée d’une forme de déni collectif. Un nombre assez élevé de praticiens (des généralistes le plus souvent) prescrivaient en effet depuis plusieurs années cette spécialité pharmaceutique à plusieurs dizaines de milliers de malades alcooliques qui, contre les dispositions réglementaires en vigueur, parvenaient à se faire rembourser.

L’état de ces malades ne répondait alors en rien à l’indication officielle de ce médicament. Soit : «chez l’adulte et l’enfant à partir de l’âge de six ans, pour réduire les contractions musculaires involontaires et relâcher la tension excessive des muscles qui apparaissent au cours de maladies neurologiques comme certaines maladies de la moelle épinière ou des contractures d’origine cérébrale». Or, la plupart des prescripteurs ne respectaient pas la réglementation concernant les prescriptions réalisées en dehors de l’autorisation de mise sur le marché – réglementation qui interdit la prise en charge par la collectivité.

La décision gouvernementale de remboursement du baclofène dans cette nouvelle indication fait suite à un avis de la Haute Autorité de Santé (HAS), institution chargée de conseiller le gouvernement dans les multiples aspects de sa politique sanitaire. Cette HAS avait ainsi, en 2013, pris en compte le fait que l’alcoolodépendance est une pathologie sévère pouvant engager le pronostic vital du patient et observé «l’absence d’alternative appropriée et remboursable chez les patients en échec des médicaments actuellement disponibles». «L’utilisation de ce médicament semble indispensable pour les patients alcoolodépendants à haut risque et en échec des traitements disponibles chez lesquels une aide au maintien de l’abstinence après sevrage ou une réduction majeure de la consommation d’alcool est nécessaire, afin d’améliorer leur état de santé ou éviter leur dégradation» avait alors fait valoir la HAS.

Addictions, alcoolisme et baclofène : dernières actualités françaises