Addictions : le CESE appelle à diversifier les politiques publiques, en donnant toute sa place à la réduction des risques

CESE – Conseil Economique Social et Environnemental – 10/01/2019 10:46:51

Le tabagisme et la consommation nocive d’alcool représentent respectivement les première et
deuxième cause de mortalité évitable en France
. Au-delà de la santé, leurs conséquences sont
également sociales et économiques
. C’est un large pan de la société qui est impacté par ces pratiques
addictives. Si le Conseil économique, social et environnemental constate une évolution des
comportements et une prise de conscience accrue de ces problématiques, il relève qu’il est tout à fait
possible d’avancer plus rapidement et efficacement.

En s’appuyant sur les importants travaux de la Cour des comptes, qui a évalué les politiques publiques
de lutte contre le tabagisme et la consommation nocive d’alcool, le CESE s’est attaché à proposer des
solutions pour réduire les consommations à risque, notamment vis à vis de l’alcool dont les résultats
sont très en deçà cède ceux obtenus pour le tabac. Pour apporter plus de cohérence et de continuité
dans les mesures mises en oeuvre
, le CESE estime indispensable de modifier les représentations
sociales de l’alcool et de promouvoir des politiques de réduction des risques afin de sortir du diptyque
caricatural laxisme/prohibition.
Dans l’avis adopté en séance plénière le 9 janvier 2019, le CESE estime notamment indispensable de:

Proposer une prise en charge adaptée à la variété des besoins et profils

Le décalage entre le nombre de personnes souffrant de troubles liés à l’usage de l’alcool ou du tabac et
le nombre de patients accompagnés dans le système de soins est important. Défaut d’information, crainte
de la représentation sociale et découragement figurent parmi les principales raisons avancées.
Le Conseil recommande de diversifier les solutions proposées aux patients, notamment en donnant
toute sa place au baclofène dans la lutte contre l’addiction à l’alcool ou en positionnant la cigarette
électronique, avec ou sans nicotine, parmi les autres dispositifs de sevrage tabagique
.
Il préconise, en deuxième lieu, de cibler les publics les plus vulnérables, en soutenant la création de
consultations d’addictologie pour femmes dans les CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de
Prévention en Addictologie) ou autres regroupements professionnels, en multipliant les consultations
jeunes consommateurs « hors les murs », et en créant davantage de structures résidentielles dédiées à
l’accompagnement des femmes.

Renforcer la prévention

Pour contribuer à un environnement plus favorable à la prévention, le CESE propose de créer un
périmètre sans publicité pour les boissons alcoolisées, notamment près des lieux d’éducation et de
formation. Les pouvoirs publics doivent être les pilotes exclusifs de la politique de prévention afin
d’éviter les conflits d’intérêt et la confusion des rôles. Le CESE préconise en outre d’instaurer un prix
minimum des boissons alcoolisées vendues dans les lieux de fête.

Sensibiliser les professionnels de santé

Le CESE préconise tout d’abord d’améliorer sensiblement le degré d’information des soignants,
associations et patients sur la diversité et la complémentarité des solutions possibles relevant de la réduction des risques
, leurs indications et leurs limites. Une communication des pouvoirs publics
pourrait être profitable en la matière.

Par ailleurs, le CESE recommande de consolider l’implication de l’ensemble des professionnels de santé
de premier recours. Les formations devraient être renforcées et une stratégie nationale de diffusion du
RPIB (repérage précoce et à l’intervention brève) définie.

De même, pour le CESE, les ARS devraient être davantage impliquées dans l’organisation des
interactions avec les structures hospitalières et médico-sociales
. Parmi leurs missions, devraient être
intégrées l’organisation du maillage territorial des dispositifs de soin et d’accompagnement en
addictologie, ainsi que la complémentarité et le travail coordonné de l’ensemble des acteurs.

Ces mesures devraient être facilitées par les prémisses d’un changement de regard sur l’alcool, illustré
par l’écho médiatique rencontré par le « Dry January », mois sans alcool, initiative importée du Royaume
Uni sur le modèle du mois sans tabac qui connait un succès important auprès de la population.

http://www.newspress.fr/Communique_FR_310228_1029.aspx