Alcoolisme : bientôt le remède miracle ?

Sud Ouest – Publié le 08/06/2013 à 06h00 | Par Hélène Rouquette-Valeins

Pourquoi le baclofène, qui a fourni ses preuves dans le sevrage alcoolique, est-il encore prescrit sans autorisation ? Une histoire de conflit d’intérêts.

L’un brandit l’article 223-6 du Code pénal qui concerne la non-assistance à personne en danger. Les autres s’abritent derrière le parapluie des effets secondaires.

Le premier, le professeur Bernard Granger, psychiatre et psychothérapeute au groupe hospitalier Cochin à Paris, coordonne l’appel en faveur du baclofène pour lequel il avance : « 100 morts par jour, ça suffit. » Dans un échange de mails musclé avec le professeur Philippe Lechat, directeur d’évaluation des médicaments, le psychiatre avait accusé, en avril 2012, le ministre de la Santé de l’époque, Xavier Bertrand, et le président de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), Dominique Maraninchi, de mettre en danger la santé de quelque 400 000 patients. Et il ne l’envoyait pas dire. « Alors que je vous rappelais l’urgence de faciliter la prescription du baclofène à des malades atteints d’une maladie mortelle, vous me parlez d’études en double aveugle et de contrôles supplémentaires. Toutes les études disponibles convergent pour montrer un taux de succès du baclofène dans l’alcoolisme au moins deux fois supérieur à celui obtenu habituellement sous placebo. Si vous deviez évaluer un traitement qui guérit 20 % des cancers du pancréas, oseriez-vous imposer des années d’attente aux malades pour réaliser des études ? »

Alcoolisme : bientôt le remède miracle ?