Alcoolisme : le baclofène, plus rien ne le freine 8/12/2012

Le blog de Jean-Yves NAU

Nouvel épisode dans ce qui est désormais auto-structuré en feuilleton. Jadis maudit le baclofène entre petit à petit sur les terres officielles de l’alcoolisme. Certes c’est encore loin d’être gagné mais les appétits marchands commencent à s’aiguiser. Les prescripteurs continuent à prescrire en dehors des indications. Et la puissance publique commence à prendre le pouls de l’affaire. Un nouveau rebondissement n’est pas à exclure du côté de l’ANSM. Pour l’heure une publication dans une revue spécialisée est reprise par Le Quotidien du Médecin puis par l’Agence France Presse.  

 Ce n’est plus le Dr Olivier Ameisen qui prend aujourd’hui la parole. C’est un autre défenseur acharné de cette molécule à la fois phare er abcès : le Dr Renaud de Beaurepaire. Il est psychiatre chef de pôle secteur au groupe hospitalier Paul-Guiraud (Villejuif) et il  publie (dans la revue « Frontiers in psychiatry ») la première étude statistique sur l’efficacité à long terme (deux ans) du baclofène dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance. Et nous sommes déjà dans l’histoire.

« À la suite de la publication du livre d’Olivier Ameisen – où j’étais le seul médecin français mentionné dans cet ouvrage- de nombreuses personnes m’ont appelé. Cette étude rend compte de la prise en charge des cent premiers patients que j’ai vus entre novembre 2008 et septembre 2009 et suivis pendant deux ans jusqu’en 2010-2011 », raconte au « Quotidien » le Dr de Beaurepaire. Il ajoute que ces patients avaient tous le même profil : « des buveurs solides en échec thérapeutique ». Incidemment on aimerait savoir ce qu’est un buveur solide si précisément sa consommation le rend à ce point fragile.

Contrairement aux deux essais officiels en cours ou sur le point de l’être (Bacloville et Alpadir) annoncés en double aveugle et contre placebo, l’étude du Dr de Beaurepaire est observationnelle. « Cela a moins de valeur mais ce n’est pas inintéressant du tout car elle porte sur une prise en charge dans la vraie vie, en condition réelle de traitement », indique-t-il. Ce qui n’est pas faux mais enlève néanmoins une très large part de sa substance à l’ensemble.  Comment, dès lors, parler de résultats « éloquents » ? Quelle valeur méthodologique donner au fait qu’à partir de trois (et jusqu’à vingt-quatre mois) « environ » 50 % des patients sont totalement abstinents ou ont  retrouvé un « niveau de consommation d’alcool  normal » ?

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