Baclofène : les psychiatres français, publics et privés, disent leur vif intérêt pour l’alcoolisme

Jean Yves nau – 19/03/2014

J + 5. On continue à enregistrer les profondes secousses de l’effet RTU-baclofène. Le mercredi 19 mars restera marqué par la manifestation unitaire des principales composantes de la famille psychiatrique. Elle a pris la forme d’un communiqué de presse signé par « des organisations syndicales de psychiatres et des sociétés savantes de psychiatrie » (1). Toutes s’exprimaient au travers d’un communiqué de presse subtilement écrit « à propos de la recommandation temporaire d’utilisation accordée au baclofène ».

« Addictologues ? »

Pour les psychiatres, aucun doute n’est permis : il faut voir là « une nouvelle possibilité thérapeutique dont l’utilisation est ainsi reconnue et facilitée, à côté de la prise en charge psychologique et psychothérapique qui demeure le plus souvent nécessaire pour les patients atteints de ces troubles ».

A celles et ceux qui l’auraient oublié ces mêmes psychiatres font un petit rappel : « les addictions sont des troubles mentaux relevant donc de la psychiatrie et que les médecins généralistes sont en première ligne pour traiter les patients qui en sont atteints ». Ils en font un second : « l’addictologie n’est pas une spécialité médicale reconnue par l’Ordre des médecins ».

Subtilités et confraternités

Sans en percevoir les subtilités confraternelles on saisit bien l’essentiel de ces rappels. Un psychiatre est, par nature, formation un professionnel de la thérapeutique de l’assuétude ». A l’inverse un addictologue (qui peut être un psychiatre) n’existe pas aux yeux de l’instance ordinale. Cette mise au point semble essentielle sans que l’observateur en mesure le poids. L’observateur ne peut, en revanche, manquer de noter les similitudes dans les lectures des différents camps. Camps réunis contre le corsetage du libellé encore chaud de la RTU de l’Ansm.

« Nous nous permettons d’attirer l’attention sur les modalités complexes de cette RTU, notamment en ce qui concerne les avis requis, écrivent les psychiatres privés et publics, analystes et comportementalistes. Pour les doses supérieures à 180 mg, il  nous paraît restrictif de limiter cet avis, qui serait obligatoire et collégial, aux CSAPA et aux services hospitaliers spécialisés en alcoologie (sur quels critères ?) ». Ils font valoir que dans le baclofène « est un médicament psychotrope que les psychiatres ont la capacité de prescrire par eux-mêmes ».

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