Baclofène : rien ne peut se faire sans l’expertise des usagers

http://drogues.blog.lemonde.fr/2014/03/14/rtu-du-baclofene-rien-ne-peut-se-faire-sans-lexpertise-des-usagers/

Le blog de Pierre Chappard Président de Psychoactif et de Jean-Pierre Couteron, Psychologue clinicien

L’ANSM publie sur son site la RTU (Recommandation Temporaire d’Utilisation) accordée au Baclofène, prenant acte des études conduites sur son rôle dans le traitement de l’alcoolisme.

Nouvelle étape dans la vie de ce myorelaxant, décontractant musculaire, disponible depuis plus de 40 ans pour une indication qui n’avait rien à voir avec l’abus d’alcool.

Telle qu’elle est présentée, la RTU veut encadrer, et donc sécuriser les milliers de prescriptions hors (AMM) Autorisation de Mise sur le Marché qui accompagnaient la diffusion médiatique de la bonne nouvelle : il y a quelque chose nouveau dans la prise en charge de la dépendance à l’alcool.

Les détails techniques de l’autorisation actuelle ne manqueront pas d’être discutés, si l’on en croit les nombreux communiqués échangés ces dernières semaines : quel rôle pour le médecin généraliste ? Quelle place pour le pharmacien ? Faut – il être addictologue pour le prescrire ? Et quel type d’addictologue, en libéral, en institution, et dans quelle institution, un CSAPA, un hôpital….
Les raisons évoquées ne changent pas : la sécurité, éviter les accidents ; l’efficacité, organiser et garantir la prise en charge globale… A priori, la stratégie en étape semble très prudente, peut-être trop, et peut interroger sur sa mise en oeuvre en médecine de ville.

Mais au moment où s’amorce une normalisation de ce traitement, nous parlerons ici du rôle tenu par les patients, ces usagers qu’avait représenté Olivier Ameisen dans le livre qu’il avait consacré à cette question. Dans ce processus de reconnaissance, comme lors de l’arrivée des traitements de substitution aux opiacés, ou comme avec le déploiement de l’e-cigarette, les usagers se sont organisés en association, ils ont saisi l’outil des forums internet pour faire entendre leur parole. Ce sont le réseau Aubes, ou l’association Baclofène par exemple, et ils ont défendu un travail avec leur médecin resab.fr.

Sans faire exister le médicament miracle, une panacée universelle, cette parole des usagers en faveur d’un traitement a pu contribuer à relancer une réflexion que bien des organismes et sociétés officiel avaient du mal à porter. La simple chronologie des prises de position fait preuve. Sans préjuger de ce que donneront les études, c’est ce débat qu’il faut saluer pour l’instant, cette ouverture d’une expertise partagée avec les personnes concernées pour explorer d’autres chemins que celles précédemment empruntées.

Ce fut la leçon de l’arrivée des TSO (Traitement de Substitution Opiacé) dans le domaine de la dépendance à l’héroine, c’est le même  chemin que suit le bacloféne : rien ne peut se faire sans l’expertise de l’usager.