La « pilule miracle » anti-alcool se fait attendre

Ouest-France – 7 mars 2014 – Marion ABLAIN

Le baclofène, molécule considérée comme révolutionnaire dans le traitement contre l’alcoolisme, n’a pas
encore obtenu d’aval officiel. Médecins et associations de patients pointent l’urgence sanitaire.

« Alcoolisme : pendant ce temps, les malades peuvent mourir. » Le titre de cette tribune témoigne de l’exaspération de ses auteurs. Patients, pharmaciens, médecins, psychiatres…
Les vingt et un signataires pressent les pouvoirs publics d’autoriser la prescription du baclofène aux malades alcooliques.
En juin, le patron de l’Agence nationale de sûreté du médicament (ANSM) annonçait la mise en place d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Depuis, elle se fait attendre. Sans cesse repoussée.
Octobre, janvier, mars… « L’alcool fait 130 morts par jour… », rappelle Samuel Blaise, porte-parole des associations de patients Aubes et Baclofène.
Prescription détournée
La découverte de l’action de cette molécule – initialement utilisée comme relaxant musculaire – sur la dépendance à l’alcool a fait l’effet d’une bombe en 2008. Le cardiologue Olivier Ameisen, décédé en 2013, racontait dans un livre comment il s’était guéri en ingérant du baclofène à haute dose. Mieux, il était devenu indifférent à l’alcool. Les malades ont crié au miracle.
Des médecins ont alors prescrit le médicament pour le sevrage alcoolique, en contournant sa vocation initiale de décontracturant. Une pratique légale, mais qui freine plus d’un praticien, sa responsabilité pouvant être engagée en cas d’incident.
« Beaucoup de médecins hésitent encore à le prescrire hors autorisation de mise sur le marché. Par peur, dit Renaud de Beaurepaire, psychiatre et prescripteur de baclofène.
La RTU valide son efficacité et donne un cadre réglementaire avec la marche à suivre car de nombreux professionnels ne savent pas le prescrire. » Elle permettra aussi aux malades de se faire rembourser.

La « pilule miracle » anti-alcool se fait attendre