Pilule anti-alcool : miracle ou mirage ?

Québec Science | Janvier ~ Février 2017 par Marine Corniou

Le baclofène, un relaxant musculaire, est utilisé en France depuis quelques années pour traiter l’alcoolisme. De nouveaux essais cliniques confirment son efficacité. Est-ce pour autant un traitement miracle ?

Une longue descente aux enfers. C’est souvent par ces mots que les anciens alcooliques décrivent leur maladie. Si certains trouvent leur salut entre autres chez les Alcooliques anonymes (AA), d’autres se tournent désormais vers le baclofène, un médicament encore peu connu au Canada, mais qui compte de plus en plus d’adeptes. Lucie Codère en fait partie. «Le baclofène a totalement changé ma vie. Depuis que j’en prends, les bouteilles de vin à l’épicerie ne me tentent même plus », raconte cette journaliste qui a souffert d’alcoolisme pendant 15 ans. C’est en surfant sur Internet qu’elle a découvert le «baclo», ainsi que le nom de celui qui allait accepter de lui en prescrire : le docteur Abdeltif Benhaddad, à Montréal. Il est l’un des rares, sinon le seul médecin québécois, à affirmer haut et fort l’intérêt de ce médicament pour le traitement de la dépendance à l’alcool.

«Mon médecin de famille avait refusé de m’en donner, et même de se renseigner», déplore Lucie Codère. Car le baclofène n’est pas, officiellement, une pilule anti-alcool. Il s’agit d’un décontractant musculaire, utilisé depuis plus de 50 ans pour traiter les spasmes des personnes paraplégiques ou atteintes de sclérose en plaques. Alors, quel lien avec l’alcoolisme? Tout débute en 2000, lorsque le New York Times rapporte le cas d’un cocaïnomane traité au baclofène pour des contractures douloureuses et chez qui le craving, ce désir intense de consommer, disparaît subitement. L’histoire reste en suspens jusqu’à ce qu’un cardiologue français, Olivier Ameisen, teste le remède sur sa propre dépendance – non pas à la cocaïne, mais à l’alcool. Dans un livre témoignage, Le dernier verre, paru en 2008, il raconte comment le baclofène à hautes doses l’a guéri de son mal.
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