A découvert, ils témoignent de la révolution baclofène

Paris Match  | Le 29 septembre 2015 | Vanessa Boy-Landry

Anciens malades alcooliques, ils sont aujourd’hui délivrés de leur addiction grâce au baclofène. Militant pour la reconnaissance de ce traitement dans l’alcoolisme, les responsables de l’association Baclofène* signent aujourd’hui un ouvrage complet tant sur la maladie que sur ce traitement révolutionnaire. Plus qu’un livre, c’est un véritable document.  L’interview de la présidente, Sylvie Imbert.

Le baclofène comme traitement de l’alcoolisme a été longtemps diabolisé, depuis que son efficacité a été découverte en 2004 par le Pr Olivier Ameisen. Dénigré par les spécialistes, « alors qu’il constitue un grand progrès, le baclofène a surtout été promu par les patients qui en ont bénéficié et par les médecins qui en ont observé directement l’efficacité », précise le Pr Bernard Granger, responsable de l’unité de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Tarnier. « Très fier » d’avoir préfacé l’ouvrage de l’association, il observe, enthousiaste, que parmi ses 250 patients, « plus d’un malade sur deux retrouve sa liberté à l’égard de l’alcool, y compris à long terme. » Ce qu’il n’avait jamais constaté avec aucun autre traitement. Aujourd’hui, l’efficacité de la molécule est reconnue par les autorités de santé, mais le combat n’est pas terminé.  

« L’efficacité du baclofène sur l’alcoolisme prouve qu’il s’agit d’une maladie neurobiologique, et non d’un défaut de volonté »

Paris Match. Guérie de votre alcoolisme en 2009 grâce au baclofène, vous titrez votre ouvrage “Les alcooliques ne sont plus anonymes”. En quoi l’alcoolisme, grâce au baclofène, n’est plus la “maladie de la honte” ?
Sylvie Imbert. En fait, l’alcoolisme n’a jamais été considéré comme une “vraie” maladie, y compris par ceux qui en sont atteints. Boire en cachette, mentir, se détruire, faire souffrir son entourage alors qu’il suffirait de ne pas le faire…  Il y a de quoi avoir honte. Les proches, eux, ne comprennent pas. “Comment peux-tu te mettre dans des états pareils ? Tu es si gentil quand tu n’as pas bu …” Alors quand on en est alcoolo-dépendant, on se cache, on biaise, on triche. “Je bois trop, oui, mais pas vraiment plus que d’autres.” Et puis est arrivé le baclofène et tout a changé. L’efficacité remarquable de ce médicament sur l’alcolodépendance apporte la preuve qu’il s’agit bien d’une maladie neurobiologique, souvent héréditaire, et non d’un vice ou d’un défaut de volonté. Les personnes comprennent aujourd’hui qu’elles étaient malades et non déviantes, qu’elles avaient la volonté de guérir mais pas les moyens de le faire. Dans ces conditions, on peut sortir du bois et témoigner de sa guérison.

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