P291 – Efficacité et tolérance du baclofène dans le traitement de l’alcoolo-dépendance chez des patients avec ou sans cirrhose

Barrault Camille, Belloula Djamel, Cadranel Jean-François, Cordonnier Marie, Hagège Hervé, Lison Hortensia, Pulwermacher Georges, Rosa-Hezode Isabelle, Sarlon Emmanuelle

Introduction

Le baclofène (BAC) est un agoniste du récepteur GABA B, utilisé depuis plus de 30 ans en neurologie. Plusieurs études ont suggéré son efficacité dans le traitement de l’alcoolo-dépendance y compris chez les cirrhotiques [1]. Depuis avril 2012, son utilisation dans cette indication, hors AMM et au cas par cas, est autorisée par l’ANSM [2] et recommandée par l’EASL [3].Le but de notre étude est d’évaluer l’efficacité et la tolérance du baclofène à M3, M6 et M12 chez des patients alcoolo-dépendants avec ou sans cirrhose.Nous présentons ici les résultats à M3.

Patients et Méthodes

Tous les patients consécutifs hospitalisés ou en consultation, ayant débuté un traitement par BAC entre juin 2010 et octobre 2012 dans les services d’hépato-gastroentérologie de deux CHG ont été inclus prospectivement dans cette étude ouverte. Une fiche d’information était remise aux patients avant le début du traitement. Le traitement était initié à une posologie très progressive avec des paliers hebdomadaires jusqu’à obtenir une indifférence vis à vis de l’alcool. Le suivi était assuré par un hépato- gastroentérologue et/ou un addictologue.

Résultats

Cinquante quatre patients (82% d’hommes) d’âge moyen 53 ans, dont 59% avaient une cirrhose (score de Child A, B et C : 59%, 19% et 22%) ont été traités par BAC. L’ancienneté de la consommation était de 19 ans en moyenne, 92% des patients avaient rencontré un addictologue, 52 % avaient déjà fait une cure de sevrage. A M3, avec une posologie moyenne de BAC de 38 mg/j (10 à 160 mg/j), on observait une diminution significative de la consommation déclarée d’alcool (CDA) moyenne : 126g/j vs 31g/j (p<0,001) et 18 patients (33%) étaient totalement abstinents. Biologiquement, on constatait la diminution du taux des GGT : 6N vs 4N, des ASAT : 2N vs 1,1N (ns) et du VGM : 101m3 vs96m3 (ns). Quatre patients (7%) ont arrêté le traitement en raison d’effets secondaires peu sévères (sensation vertigineuse, somnolence, chute). Aucune dégradation clinique ou biologique de la fonction hépatique n’a été observée chez les patients avec cirrhose quel que soit le score de Child.

DiscussionConclusion

Les résultats intermédiaires de cette étude suggèrent que le BAC est efficace sur la diminution de la consommation déclarée d’alcool et de ses marqueurs biologiques. Dans notre étude, le traitement a été bien toléré y compris chez les patients avec cirrhose même sévère. Ces résultats nécessitent une validation par la mise en place d’une cohorte plus large. Les données à M6 seront disponibles en mars 2013.

Remerciements, financements, autres

  1. Lison et C. Barrault ont contribué également à ce travail.

Références

[1] Addolorato G. Et al. Lancet 2007 ; 1915-22
[2] Utilisation du balclofène dans le traitement de l’alcoolo-dépendance : actualisation et point d’information. AFSSAPS 24/04/2O12
[3] EASL Clinical Practical Guidelines : Management of Alcoholic Liver Disease. J Hepatol 2012 ; 399-420.

http://www.snfge.org/content/efficacite-et-tolerance-du-baclofene-dans-le-tr