Alcoolisme : peut on craindre un scandale du baclofène ?

Vanessa Boy-Landry – Parismatch.com – 11 avril 2012

Le Pr Bernard Granger, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Cochin, a récemment exprimé sa colère auprès du Pr Philippe Lechat, directeur de l’évaluation des médicaments de l’Afssaps. Scandalisé par la lenteur de l’Agence à acter l’efficacité du baclofène dans l’alcoolisme et par les conflits d’intérêts de certains de ses experts, il craint, pour demain, une «affaire baclofène». Les deux professeurs répondent à nos questions.

Pr Bernard Granger: «Les malades alcooliques ont raison de s’organiser pour trouver des médecins prescripteurs de baclofène»

Vous avez récemment poussé un coup de gueule auprès du directeur de la pharmacovigilance de l’Afssaps, le Pr Philippe Lechat, au sujet du baclofène. Pouvez-vous nous en dire plus?

En juin 2011, l’Afssaps a publié une mise en garde dissuasive auprès des médecins sur l’utilisation du baclofène dans l’alcoolisme. Or cet avis de l’Agence, selon moi partial, a été rédigé sur la base d’une réunion d’experts dont certains avaient des conflits d’intérêts importants. J’avais écrit à l’Afssaps dès juin 2011, puis à plusieurs reprises ensuite, sans grands effets.

Quels types de conflits d’intérêts?

 Plusieurs experts de cette réunion coordonnent ou participent à des études sur le nalmefene, concurrent direct du baclofène, et dont la demande de mise sur le marché vient d’être déposée au niveau européen. C’est un exemple, mais il y en a d’autres. Normalement, en présence de tels conflits d’intérêts, l’Afssaps aurait dû immédiatement reconsidérer son avis. Récemment, son directeur général a refusé de publier une recommandation concernant des traitements antibiotiques en raison des conflits d’intérêts de certains des experts de l’agence. Même si le cas n’est pas exactement comparable, je trouve regrettable que pour le baclofène, l’Afssaps n’ait pas été suffisamment rigoureuse.

Alcoolisme : peut-on craindre un scandale baclofène?
Association Baclofene